Patrimoine bati

LA CHAPELLE SAINT JEAN DE MODULANCE

Étymologie / origine

Le nom de MODULANCE tire son origine du hameau de MUTORE (MEUDOU) où il y a plus de mille ans demeurait le chevalier ISCHAFREDE  et son épouse RIXENDE. Ces derniers possédaient une immense étendue de terre appelée MODULANCE ( Modulancia). L’étymologie du mot Modulance se rapporte à l’évocation de la source, ou même de la terre, mère de la source.

Un peu d'histoire

La Chapelle Saint-Jean dressée sur la montagne de Modulance à 804 mètres d’altitudes, domine la région du Ségala avec une ample succession de vallonnements qui conduisent aux limites de la chaîne des Pyrénées, Montagne Noire, Cévennes, Lévézou, Palanges, Aubrac, Puys du Cantal…

 Cette chapelle dédiée à Saint Jean-Baptiste aurait remplacé un sanctuaire de sommet « un fanum » où l’on célébrait des cultes païens (montagne sacrée).  Elle semble avoir été construite pour surveiller tous les horizons de cette immense région.

Une autre tradition indique que Saint-Martial, apôtre d’Aquitaine et du Limousin (IIIème siècle) aurait fondé en ce lieu un oratoire pour les premiers chrétiens de la région. A la légende de Saint-Martial s’ajoute celle du seigneur Ischafrède, qui au retour d’un pèlerinage à Limoges fut attaqué par une bande de brigands. Il promit à Saint-Jean Baptiste de construire un nouvel édifice s’il arrivait à se défaire de ses assaillants. Ses prières furent exaucées et Ischafrède tint ses promesses.

Des documents anciens du XVème siècle, se rapportant à des visites pastorales des évêques de Rodez, mentionnent que la Chapelle est contemporaine de l'église Saint Martial du XIème siècle, classée monument historique. Autour de l’oratoire, un vaste cimetière a été découvert.

Une fresque représentant le baptême du Christ et datant du XV-XVIIème siècle, est située à l’intérieur de la chapelle.

La construction

Cette construction immuable est campée solidement sur des murailles basses et épaisses, supportant un toit de lauzes grises. Le sanctuaire se présente comme un petit édifice à nef unique, un chevet rond voûté en cul de four (origine préromane), avec un clocher porche dans l’axe de la nef. Alors que l’abside, la porte et le début de la nef paraissent romanes, cette dernière a été prolongée semble-t-il, pendant la période gothique. On aperçoit très distinctement à l’intérieur les marques de cet agrandissement. Le clocher porche a été ajouté au début du XVIIIe siècle, puis rebâti en 1820. La cloche actuelle installée en 1823, par Cazes et Pourcel, fondeurs, est dédiée à « Saint Jean Modulance » et porte les noms des donateurs Ricomes, Teulier et Alibert.

L’écusson du clocher porche peut représenter un geste de bénédiction, le baptême du Christ par Jean Baptiste ou encore la bénédiction de la trinité et de l’église.*

Un lieu de pèlerinage

On peut dire avec certitude que jusqu’au XVIIIe siècle, des cérémonies religieuses avaient lieu dans cette chapelle puisqu’on y célébrait des messes, des mariages et même des sépultures.

Le 24 juin, le pèlerinage de la St Jean à la chapelle attirait une foule de pèlerins. Après la récitation du chemin de croix tout au long du trajet qui conduit à la Chapelle, une messe était célébrée. Au cours de la cérémonie, les reliques de Saint Jean-Baptiste étaient vénérées.

Pour accomplir « le vœu de Rieupeyroux », le pèlerin revenant de la chapelle allait prier St Martial à l’église et à la fontaine qui porte son nom.

EGLISE SAINT MARTIAL

Au bas du bourg, se dresse l'enveloppe haute, vaste et massive de l'église Saint-Martial, classée au titre des Monuments Historiques.

L'édifice, qui englobe les vestiges de l'église romane primitive (il en subsiste plusieurs colonnes et chapiteaux), a été reconstruit massivement au 13ème siècle, puis fortifié au début de la guerre de Cent Ans (1356), adossé et intégré aux remparts.

En effet, au sommet de la nef et du chœur de l'église a été percé un couloir de circulation défensive (gaine) qui repose sur une couronne de mâchicoulis composés d'arcs bandés entre les contreforts. Au milieu de ces arcs sont aménagés de petits assommoirs qui permettaient de contrôler la base des murs, d'effectuer des tirs plongeant à l'aide d'un arc ou d'une arbalète, et de projeter des pierres qui étaient montées dans les combles et chargées à dos d'homme.

Ce dispositif de gaine et de mâchicoulis sur arcs, assez remarquable en raison de ses proportions et de la qualité de sa mise en œuvre, fort précoce à Rieupeyroux, équipait un certain nombre de châteaux forts dès le XIIIe siècle ou le début du suivant.